Les lettres oubliées

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Les lettres oubliées

Un grand sac peuplé de lettres oubliées.
Témoignage de mon lointain passé, de ces instants qui ont marqué ma vie, affecté l’ensemble de mes souvenirs, imprégné à jamais mon existence.
J’y ai plongé ma main, au hasard, extirpant ces papiers aux touchés revêches, à la texture qui me sembla, l’espace d’un instant, envoûtante, riche de moments, de cette autobiographie qui m’a préparée à être celui que je suis, avec ses qualités, ses défauts, ses forces et ses faiblesses.
Une grande partie d’entre elles étaient écrites de la main de ma mère.
Affirmation, confirmation de sa vie.
De cette vie qui l’avait quittée depuis de trop nombreuses années.
Elle s’inquiétait de ma vie aux Etats Unis, me racontait la banalité ou l’extraordinaire de son chemin de chaque jour, me décrivant de détails minutieux ces choses qui l’avaient marquée, celles qui auraient pu me plaire.
Un sourire se dessina sur mes lèvres.
Une larme coula de mes yeux rougis d’émotions.
Un hoquet de tristesse, un épanchement de joie.
Je me suis laissé aller dans ce retour en arrière, j’ai vogué vers cette Terre lointaine, cette aventure qui m’avait passionné.
Oui !
Ce détail !
C’est vrai, comment avait-il pu échapper à ma mémoire.
Mémoire des temps anciens, de ma respiration.
Alors ! Une image s’est figée devant mon regard.
Celle de ma mère, penchée sur ce bureau administratif en chêne marron foncé. Elle écrivait de sa plume ravalée d’une encre bleu-claire.
Soigneusement, elle s’accordait à enchainer ses phrases, s’appliquant de son écriture rapide, un peu nerveuse.
Puis, elle s’arrêtait soudain, pinçait les doigts de sa main gauche, les laissant gentiment glisser les uns contre les autres.
Les yeux fermés, elle réfléchissait à la suite de son texte.
Qu’avait-elle oublié, édulcoré de son importance.
Puis, heureuse, elle se remettait à griffonner sa prose, mimant imperceptiblement ses idées du bout d’une succession de petits mouvements de ses lèvres.
Oui ! Ma mère, tu es là, toujours ancrée dans mon cœur, dans mon âme dans la fange de mes entrailles.
Je t’envoie ce souffle de mon passé, ce zéphyr de mon destin.
Nous nous retrouverons peut-être un jour.
Ces souvenirs, marqués de tes mains, inexorablement s’effaceront dans l’infini du temps qui passe.
Pour un jour n’appartenir plus qu’à nous…





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