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2050
 
2050


Et oui le temps passe, alors j'ai imaginé ce que deviendrait mon petit groupe d'amis sportifs en l'an 2050. 

Mardi 9 mars 2050, 8h30

Mon réveil est difficile, j’ouvre un œil, puis péniblement je fais de même avec le second. Le soleil tape déjà très fort contre mes persiennes entrouvertes. Il fait chaud dans ma chambre, j’étouffe de cette moiteur poisseuse qui recouvre en mars le début de chaque matinée.

Je pose lentement mon pied sur le parquet qui se met à craquer. Est-ce le plancher qui craque ou chacun de mes os attaqués par le nombre des années.

Puis c’est ma séance d’entrainement quotidienne. C’est une nécessité  pour me permettre de me déplier totalement.

En regardant mon calendrier, une lumière de bonheur traverse soudainement mon esprit.

Ce soir j’ai mon cours de body combat.

Je lance un bref regard dans une glace et son reflet quelque peu déprimant me rappelle qu’il est temps pour moi de mettre mon dentier…

 

Mardi 9 mars 2050, 9h00

 Aurélie marche lentement dans la rue. C’est l’heure de l’école pour ses triplés, trois petits rejetons à la mine réjouie qu’elle a bien du mal à faire obéir.

Elle tire sur son joint aux saveurs de mandarine et retrouve immédiatement le calme où elle allait bientôt s’âbimer. A son âge elle a un peu perdu de sa patiente.

Enfanté tardivement, n’a rien de vraiment drôle.

Déjà mère de huit enfants, c’est à l’âge de soixante ans que l’étrange idée d’en faire un petit dernier était survenue. Avec l’aide de l’insémination artificielle et quelques séances hormonales elle avait réussi ce qui aurait pu paraitre impossible. Enfanter de nouveau…

Arrivée à la hauteur de l’école. Elle écrase d’un pied alerte son mégot sur le sol, puis, lance quelques ordres en Italien à ses mouflets dissipés. Sa somation fait immédiatement mouche et le calme des diablotins revient instantanément.

 Enfin seule, elle se met à rêvasser et sourit de bien-être.

Ce soir il y a cours de body combat…

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Mardi 9 mars 2050, 9h30

Venu se réveille brutalement. « Mince ! » se dit-il, il faut que je me consacre à ma femme. La vieille Indira Kalinranjan qu’il a fini par épouser est maintenant la doyenne de l’humanité. Lui qui l’avait prise pour épouse en croyant en être vite débarrassée se retrouve maintenant coincé et infirmier malgré lui.
Un rictus de dégout se dessine sur son faciès. Aujourd’hui il doit s’occuper de la toilette complète de sa chère et tendre.
Malgré son grand âge, notre séducteur est resté bel homme. Ces sourcils ont blanchi bien sûre et seule une petite poignée de cheveux parsèment son crâne. Mais il a su rester jeune.
Devenu depuis une dizaine d’année, un maître de Salsa, il peut encore séduire à l’aide de sa prestance et de sa souplesse.
Non ! Bien entendu, il ne s’attaque plus, comme dans le passé, aux petites bimbos à peine sorties de l’enfance. Mais il aime maintenant les femmes beaucoup plus mûres, celles qui ont au moins atteint la trentaine resplendissante.

Aujourd’hui il est particulièrement heureux.
Ce soir c’est body combat…

Mardi 9 mars 2050, 10h00

Olga est attablée sur un banc de l’université de Genève. Après un master en physique quantique, en droit international, en microbiologie, en technique du solide, en portugais, espagnol et allemand, en micro technologie, en informatique, en architecture. Elle a décidé qu’enrichir son esprit une fois de plus ne serait pas de trop. Mais à vrai dire les cours de psychologie qu’elle suit maintenant présentent à son goût peu d’intérêt.
Son fidèle chien se trouve assis à ses côtés. Elle l’avait trouvé abandonné aux alentours de Vladivostok et depuis, il ne l’avait plus quittée. Elle l’appelait du joli nom Russe de « Hanusse » qui peut se traduire littéralement par jolie fleur des champs…

Elle s’assoupit quelques instant.

Elle n’a pas vraiment changé, seules quelques rides barrent discrètement son visage et des veines bleues claires serpentent insidieusement sous la peau affinée de ses mains.
Comme elle me l’avait répété à mainte reprise :
« Camarade Pierre, le grand air et le froid de Sibérie te garde jeune ! »
Ses cheveux impeccables ont repris leur blondeur d’antan et croulent sur son échine qu’elle tient parfaitement droite.

Elle se met à rêver de son dernier voyage à Moscou, où elle avait suivi un stage de combat rapproché.
Quel joie, une fois de plus, de chanter la gloire Soviétique, prier sur la tombe de Lénine, conspuer l’ignominie capitaliste, manger de bonne patates aux choux rouges arrosées d’une giclée de vodka.
Un souvenir divin la réveille brutalement. Elle passe sa main sur son visage, baille puis  sourit.
Ce soir il y a body combat.

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Mardi 9 mars 2050, 10h30

Rolph termine son petit déjeuner au café Vaudois.
Soudainement, il rejette un rôt magistral. Le fumet délicieux ainsi dégagé, se mélange sans encombre à l’atmosphère ambiante. La serveuse, ravît de cette interjection involontaire s’exclame :
« M’sieur Rolph, j’vois qu’vous avez bien aimé notre pâtisserie ! »
Il la regarde de ses yeux emplis de malice et répond :
« Elles sont toujours aussi bonnes vos petites gâteries ! » Puis pour couronner son affirmation il émet un vent subliminal qui étonne même le patron pourtant blasé par les louanges habituelles énoncées sur sa cuisine.
Rolph avec un soupir d’émotion jette un regard sur son avant-bras gauche où pendouille le portrait de Nadia noyé dans une série de vagues flasques.
Le mardi est son jour préféré.
Il a body combat…

Mardi 9 mars 2050, 11h

Phil accroché au volant de sa Shuanghuang de 2030 file bon train en direction de son magasin Chinois préféré. C’est son habitude depuis qu’il est à la retraite, chaque mardi Chantal l’envoie faire ses provisions de nems et riz collant.

Toute sa vie il a étudié avec passion sa langue favorite, se fondant corps et âme dans la dynastie des Ming, Wang, Qing pour un jour tomber sur le petit livre rouge. Ce fut pour lui une révélation. Depuis il ne revêtait plus que le Zhonghan Zhuang ce fameux costume maoïste. Je me souviens l’avoir vu, il y a quelques années de cela, un bol de riz à la main chanter avec Olga les louanges du communisme révolutionnaire…

Arrivé à destination il se dégage de son automobile, puis, clopin-clopant, en vociférant sur l’état de ses vieux os il entre dans son magasin où une foule l’attend avec impatience.

Alors, Phil exclame en Chinois la liste des victuailles qu’il veut acheter et, comme toujours, c’est la rigolade générale, les mains sur le ventre la totalité des Chinois qui l’attendaient se bidonnent les larmes aux yeux.

« Oh vénéré client, répond le préposé de l’échoppe, tu viens de me demander de me gratter le dos avec du vermicelle et de bouffer un castor à la sauce curie ! »

Alors comme d’habitude Phil doit se résigner à montrer du son doigt les articles qu’il veut emporter.
Puis après avoir martelé sur le sol le grand sac de jute qu’il porte sur le dos, il le tend au propriétaire de l’endroit qui jette un coup d’œil à l’intérieur et le remercie avec un grand sourire.
« Nous sommes quitte vénéré Phil ! Affirme-t-il. »

Notre ami, souriant, retourne à son automobile. Il est heureux. Ce soir il accompagnera Chantal au body combat.

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Mardi 9 mars 2050, 12h30

Chantal, habillée de son bleu de travail couvert de cambouis, le dos courbé par le poids des années, crache sa giclée de chiques. Tous les jours, elle tape la belote avec ses copines du troisième âge tout en envoyant après chaque donnes quelques jurons qui sont de sa spécialité, toutes les vieilles mégères éclatent d’ailleurs de rire et lui retournent quelques blagues grivoises.

 Elle habite avec  Phil une petite maison en bois, accrochée aux pentes du Jura. Une baraque tout à fait prolétarienne, en total accord avec leurs nouvelles opinions politiques.

Derrière leur cahute, ils essaient depuis des années de cultiver sans succès une rizière qu’ils avaient creusée à la main.

Et, la vie se déroule sans anicroche. Sa retraite de conductrice de poids lourds ajoutée à celle de Phil leurs suffisent parfaitement. Et puis, il y a ce fameux élevage de chats  qui leur rapporte également un bon complément. Aujourd’hui elle en en a mis une bonne dizaine dans un grand sac de jute qu’elle a donné à Phil pour les échanger tout frais à la population Chinoise de Genève.

« C’est bon le chat laqué ! » se met-elle à rêver.
 Soudain elle sent une chaleur étrange coulée sur son postérieur.
Puis elle se souvient de son petit problème de fuite urinaire.
« Hum, se dit-elle, il est temps pour mois d’aller changer ma couche ! »
 Alors elle décide de renvoyer ses copines dans leur maison de retraite.
 Seule maintenant, elle ferme la porte, pousse un gros soupir et se met à rire.
Ce soir j’ai body combat.

 

Mardi 9 mars 2050, 14h

« Alors madame Meriem ! C’est la cinquième fois que l’on vient cette semaine, ce n’est pas raisonnable, à votre âge, il faudrait voir à arrêter ce genre d’exercice ! »

L’infirmier du Samu ? Les poings posés sur les hanches regarde notre amie avec affliction.

Meriem, couchée sur son tapis de prière, la tête écrasée sur le sol, les bras loin devant elle en direction de la Mecque a une fois de plus le dos complètement bloqué.
Elle marmonne quelques mots incompréhensibles.
Je dois dire qu’elle n’a pas vraiment changé le long de toutes ces années. Ses draperies sont toujours impeccablement repassées, et le petit grillage de tissu qui recouvre son visage montre un blanc irréprochable.

Enfin l’ostéopathe arrive. Une grosse dame de plus de cent kilos, qui passe tout de suite à l’action en disant :
«Ca ne vous fera mal qu’un instant ! »

Elle se laisse tomber sans ménagement sur l’arrière train de Meriem qui gémit une première fois, puis, elle l’empoigne par le cou, le tort d’un coup sec en provoquant un craquement sinistre.

« Voilà le travail dit-elle la mine réjouit, sa voix couvrant à peine les vociférassions de souffrance de notre douce islamiste préférée. »
Après quelques instants, elle se relève, regarde sa secouriste à travers sa persienne et dans une lueur de clairvoyance lui demande :

« Eh ma sœur, ce soir, j’ai un turbin vachement chébran est ce que t’y mi laisse y éla ?
Le médecin habitué au langage riche et fleuri des banlieues répond :
-Au point où vous en êtes, faites bien ce que vous voulez ! »
Alors, un petit ricanement de joie s’extirpe du tréfonds de sa burka. Elle est heureuse, ce soir elle sera au body combat.

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Mardi 9 mars 2050, 15h

Catherine est plutôt morose, elle regarde mélancoliquement, par sa fenêtre la fine pluie qui mouille Genève d’un voile de tristesse. Puis une idée lui vient soudainement à l’esprit, elle sourit et laisse apparaître sa seule et unique dent, vestige d’un passé depuis longtemps révolu.
Elle prend l’album de photo qui trône fièrement au beau milieu de sa petite bibliothèque. Là, se trouve la totalité de ses souvenirs. Les feuillets, l’un après l’autre défilent devant ses yeux émerveillés.
Cette photo, prise lors d’un plongeon où l’on voit ses pieds qui sortent de l’onde bleutée de l’océan, là c’est lors d’un anniversaire où elle est cachée derrière l’oncle Jean mais où l’on peut apercevoir un bout de sa jolie robe bleue claire qu’elle affectionnait particulièrement, et puis là, c’est sa main qui cache son visage et où l’on voit sa bague cadeau récent et préféré. Et puis il y a la série des photos du groupe body combat où elle est toujours cachée derrière Rolph. Et, cette fameuse, prise au café Vaudois, où elle est aperçue de dos et penchée entrain de vomir ses entrailles sous la chaise de Phil et enfin sa préférée où Venu en prenant la photo, avait laissé traîner son doigt pile sur le contour de son visage.
Que de bons souvenirs…
C’est plus tard en regardant son calendrier qu’une bouffée de joie inopinément l’inonde.
« Ce soir j’ai body combat ! »


Mardi 9 mars 2050, 16h

Babette est assise sur son grand fauteuil de style empire. Toute de cuir noir vêtue, une cravache à la main elle regarde un grand adonis qui se tortille devant elle. Après de nombreuses années de galère, elle avait trouvé sa voix en créant sa propre entreprise d’élevage, non, pas de chat comme Chantal, mais de Chippendales, qu’elle manageait avec brio.
Le poids des années avait un peu vouté son dos, et Phil qui avait su resté droit se targuait de pouvoir à présent lui parler les yeux dans les yeux. Elle en avait un peu mare de cette vie de dirigeante et se voyait maintenant prendre une retraite mérité dans une petite ile des caraïbes. Le Musclor qui se trémoussait devant elle, s’arrêta soudain de danser et lui demanda :
« Est ce que je vais faire l’affaire ? »
La tête perdue dans un climat enchanteur où la plage et l’océan s’étendaient devant elle à perte de vue, elle ne répondit pas.
Le petit Chippendale qu’elle gardait à ses côtés depuis des années et qui était à présent couché à ses pieds, attaché à une longe, la regarda de ses yeux attendris et dit :
« Maîtresse, est qu’il va faire l’affaire ? »
Babette, agacée d’être dérangé dans son songe de bonheur, lui envoya un coup de pied qui le fit meugler de plaisir :
« Bien sûre que non ! Hurla t’elle injustement, folle de rage. »
A cet instant d’emportement, un rayon de plaisir se figea dans sa mémoire.
Ce soir j’ai body combat…

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Mardi 9 mars 19h15

Pascal, le préposé du club de fitness, les cheveux blanchis par l’enchainement des saisons, était très inquiet. C’était bientôt l’heure du cours de body combat et pourtant, ils n’étaient pas arrivés. Cet entrainement commençait à être un souci pour lui et il ne savait pas s’il pouvait décider de l’annuler définitivement sans créer un conflit difficilement gérable.

Au sous-sol, à côté de la salle, nous étions tous là, assis en rangs d’oignions attendant la fin du cours précédent. Seul Venu nous tournait le dos, faisant face à la salle. Notre invétéré séducteur, un filet d’écumes serpentant aux commissures de ses lèvres, regardait quelques jolies demoiselles qui se trémoussaient sur les engins d’exercices. Ses yeux affolés naviguaient entre leurs fessiers rebondis et, leur T-shirts tendus par un excès de silicone, qui tanguaient à l’unisson dans une farandole magique.
Son regard se porta soudain sur le milieu de son short et il le trouva bien calme.
« J’ai pourtant, se dit-il, pris deux pilules de viagra avant de venir, ça ne semble pas fonctionner… »

Aujourd’hui c’était Team-teach !
Dominique était là, dans la posture du Boudha, les yeux fermés, recherchant la complétion de toute son énergie. Il avait beaucoup changé, son « look » était différent. Une dizaine d’années auparavant en ayant mare des quolibets qui le suivaient (crâne d’œuf, boule de suif, Zébulon) il avait décidé de se faire implanter une chevelure type Michel Polnareff.
Depuis, il arborait fièrement sa moumoute et avait perdu son statut d’âme en peine en réussissant à conquérir enfin la grosse Italienne.
Nadia était également là, entourée d’une bonne soixantaine de kilos de surpoids. Elle m’avait confié que cet embonpoint n’était pas une négligence de sa part, mais qu’un excès de graisse lui permettait avec l’âge d’effacer ses rides.
« Au fait !» Dit-elle, vous avez oublié vos déguisements.
C’est lors que Chantal navrée de cet oubli, eut une idée de génie :
« Faites Passer votre dentier à votre voisin ! »
Sa théorie se montra excellente, chacun montra ainsi une mine patibulaire.
Seul Rolph déçu ne put échanger son dentier qui malheureusement, gardait entre chacune de ses canines des restes de son sandwich du café Vaudois.

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Il était temps d’intégrer la salle, Dominique commença par nous chanter l’un de ses airs préféré :
« Marilou, ou ou ! »
Je tapais sur l’épaule de venu lui montrant mon plus beau sourire et dit :
« Y’a au moins un avantage d’être vieux, c’est qu’on devient sourd. »
Seule Catherine qui n’avait pas encore débranché son sonotone, pâlie avant de réagir en coupant son système infernal.

Pascal fou de joie arriva en courant :
« Ca y est, le service de gériatrie de l’hôpital Cantonal est arrivé vous pouvez commencer.

Une équipe de personnel soignant entre dans la salle menée par une charmante infirmière aux formes avantageuses. Venu en la voyant feint immédiatement un malaise. La belle se précipite à ses côtés penche sa blouse dégrafée au niveau de notre petit malin en disant :
« Monsieur, vous allez bien, faut-il que je vous aide ?
Venu qui est certainement le plus alerte d’entre nous répond :
-Je me sens un peu faible aujourd’hui, votre assistance n’est pas de trop !
C’est alors qu’une grosse marâtre à la blouse blanche et à la moustache fournie pousse sa jolie collègue et affirme qu’elle seule à la force de seconder ce monsieur. Elle prend Venu sous les aisselles et le soulève sans le moindre mal.
-Va plutôt t’occuper du monsieur, répondit-elle en montrant Phil du menton.
-Merci Lulu, lui répond la pinup en se dirigeant vers lui. »

Malheureusement Pour lui, Chantal ne semblait pas vraiment d’accord. Elle envoya un mugissement des plus agressifs et le tour était joué, je me retrouvai dans les bras de cette belle inconnue.

Un aide-soignant de stature et présentation distinguées et élégantes se dirige vers Olga :
« Madame, lui demande t-il, désirez-vous mon aide ? »
Olga jette un coup d’œil sur son chien qui tapit à ses pieds semble effrayé par la musique un peu trop forte que nos coachs viennent de propager, puis elle répond dans un Français impeccable :
« Oui, monsieur, s’il vous plaît, pourriez-vous vous occuper de mon Hannusse ! »
Le pauvre homme blêmit, ravale sa salive et en se tournant vers son collègue, affirme :
« Ces vieilles, de nos jours, se sont toutes des obsédées ! »

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Meriem qui ne veut se faire aider que par une femme demande :
« Zi va la meuf, Mets mon gelin parterre et mets moi en position de prière avant la teuf ! »
Bientôt, allongée ventre contre terre, notre islamique des gymnases se lance dans une psalmodie dont elle seule connaît les secrets.

Puis un homme en bleu de travail, portant des bottes, des bouchons d’oreilles et un pince nez, se dirige directement vers Chantal.
C’est son préposé habituel.
Son accoutrement est dû à une mauvaise expérience qu’il avait eu dans le passé avec notre amie la féministe en terminant son cours noir de cambouis, écœuré par son odeur, choqué par ses jurons de pattier et les pieds mouillés par son incontinence.

Tout en regardant le petit chippendale vautré aux pieds de Babette, Catherine demande :
« Et il te coûte cher en nourriture ?
Babette répond négativement de la tête.
-Est-ce qu’il est propre ?
-Ya ! J’lui fais faire ses besoins dans un parc ! Affirme t-elle plutôt contente d’elle.
-ET, est-ce qu’il sait sauter comme un batracien ?

Je dois vous confier, qu’au grand malheur de Catherine, le petit Portugais, appelé la grenouille, ne venait plus au cours. Il y a quelques années de ça, les fesses bleuies par les pincements que Catherine lui infligeaient l’avaient conduit chez son médecin qui, effaré du résultat, lui avait immédiatement conseillé de suivre un entraînement où les disciples étaient moins entreprenants à son égard.
Depuis lors, Catherine recherchait avec avidité une rainette aux fesses rebondis.

Dans un coin de la salle, Rolph at entreposé un énorme gâteau à la crème aux formes étranges. Aurélie qui se trouve à proximité, ne semble pas dérangée par les effroyables effluves que la pâtisserie dégage. Notre charmante amie est habillée d’un bermuda blanc, d’où dépasse quelques bourrelets graisseux, vestiges de ses nombreux accouchements.  La pauvre, n’avait jamais vraiment accepté son âge avancé et le temps de sa ménopause, pour nous berner, elle avait pris l’habitude de souiller le bas de son short avec du mercure au chrome pour nous faire croire qu’elle était toujours réglée.

Phil, toujours peu enclin à l’effort physique, demande qu’on lui apporte une chaise roulante.
Assis confortablement, tout sourire, il se met à déplier la jambe droite, puis la jambe gauche. Les bras suivent en direction du ciel. Ce que c’est bon de faire de l’exercice après un bon plat de riz collant.

Et le cours commence directement par le rythme époustouflant d’une chanson de Chantal Goya. « L’île aux enfants »

Dominique dont les oreilles n’ont jamais bien fonctionné, augmente le volume de son sonotone. Nadia commence à remuer ses formes avantageuses et fait immédiatement réagir l’estrade d’une succession de craquements protestataires.

Tout le monde suit avec attention, les arabesques de nos bien aimés coachs.

Rolph qui, par coquetterie ne portait pas de lunettes, placé à moins de deux mètres du miroir, croyant réaliser ses exercices devant sa prof préférée, envoyait de ses lèvres, en direction de  son propre reflet, des bisous d’amour et des clins d’œil dévastateurs.

Olga, en pleine forme, se déchaina dans des enchainements que tous, nous ne pouvions depuis déjà bien longtemps, plus réaliser.

Babette d’humeur ravageuse, profita d’une série de coups de pied pour passer ses nerfs sur son petit chippendale qui s’épancha de plaisir.

Placé derrière Venu, je me pâmai de plaisir soutenu par la jolie infirmière alors que mon pauvre ami se faisait malmener par ma marâtre au bras musclés.

Tout aurait dû s’enchainer dans une harmonie Olympienne. Quand, tout à coup, l’aide-soignante à la carrure de forgeron, celle, préposée à Venu, remarqua une difformité caché dans le pantalon de son patient. En effet, Le Viagra prit par notre séducteur venait soudainement de faire effet. La donzelle, trop heureuse, croyant avoir pour la première fois de sa vie fait de l’effet à un homme, par des caresses, se montra plus entreprenante.

Venu furieux de cette agression de type sexuel, se dégagea et jeta son pied sur la malheureuse qui trébucha dans ma direction. Ma belle infirmière s’interposa immédiatement dans un geste de protection, chancela elle aussi pour se retrouver assise sur les genoux de Phil, qui surpris laissa tomber ses mains sur les formes avantageuses de la belle.

Chantal hurla de colère et retrouva son allant de jeunesse pour se ruer en quelques enjambées sur ce qu’elle croyait être la voleuse de son homme.
Aurélie qui avait observée attentivement la scène, voulut par des mots apaisant, calmer ce malentendu.

« Tais-toi ! Espèce de gonzesse aux fesses de macaque ! Répliqua Chantal furieuse ! »

Aurélie réagit très mal à cette invective. Tout en se pinçant le nez et avec un rictus de dégoût, elle prit le gâteau laissé par Rolph et le lança de toutes ses forces dans notre direction. J’évitais le pire d’un mouvement rapide de ma tête, mais ce ne fut pas le cas pour la grande partie de notre assemblée.

Une odeur de vomi submergea rapidement la salle.

Le petit chippendale croyant à une gâterie lécha le sol avant de se retrouver sur le dos, les pieds et mains battant l’air avec des hurlements de douleur abdominale. Puis il se remit sur ses pattes et se mit à tourner autour d’une des colonnes entraînant dans sa course Babette qui se retrouva plaquée contre un mur.
« Mon dos ! Dit-elle. Mon dos, il est de nouveau droit ! S’exclame-t-elle heureuse du résultat. » 

Puis l’odeur devenant abominable nous dûmes tous quitter la salle au plus vite.

Seule Meriem toujours coincé dans sa position de prière nous supplia de l’aider.

Un peu plus tard, nous nous retrouvions assis dans la petite salle de repos. Pascal avait fait appel à une deuxième ambulance pour emmener d’urgence le personnel soignant qui par manque d’habitude n’avait pas supporté les effluves des gourmandises du café Vaudois.

Phil la tête penchée, coincée en direction du plafond par un mauvais torticolis, me dit qu’il venait de parler avec Babette.

Olga que l’entrainement écourté avait laissée sur sa faim s’activait dans un coin de la pièce dans une série de pompes, surveillée par son cher Hanusse.

Venu gêné, restait debout sans bouger, son sac collé sur l’évidence de son désir.

Dominique proposa de chanter du Polnareff à Rolph pour le consoler de la perte de sa pâtisserie.

Aurélie bougonna qu’elle n’avait rien d’un singe et qu’au moins elle, elle était encore une vraie femme.

Chantal s’excusa un peu confuse, écoutée par Meriem qui dans l’attente de son ostéopathe avait été entreposée dans sa position de croyante sur le comptoir du bar.

Catherine nous étonna par cette remarque :
« Bein oui ! »

Vive le body combat !



 


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