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Abandon
Bernard, mon ami de toujours m'a abandonné. Il est allé s’installer définitivement dans  sa région Bordelaise familiale en me laissant telle une vieille paire de chaussettes sales et dépareillées que l'on jette sans vergogne et sans la moindre culpabilité.

Presque deux mois se sont écoulés depuis son triste départ, me laissant perdu dans une profonde tristesse et une abyssale affliction.
Mon esprit chagrin ne peut s'empêcher de ressasser ces années de totales complicités, ces sorties à la déchetterie ou nous cassions avec un plaisir indéfinissable les nombreuses bouteilles que lui-même et son épouse avaient éclusées et ces agréables soirées, bercées par des plaisanteries délicates que nous apprécions infiniment.
Puis il y eut cette terrible nuit où, dans mon rêve, Bernard apparut!
Il nageait dans un immense chai de Bordeaux, me regardant en riant, le majeur dressé et pointé dans ma direction.
Je n'en pouvais plus!
-Bernard, traitre, tu m'as oublié ! Me mis-je à hurler, réveillant pour le coup toute ma maisonnée...
Quelques jours plus tard, une conversation avec une connaissance de mon club de fitness me suggéra une solution salutaire :
-Pierre, il faut que tu te trouves une autre amitié !  Je pense connaitre une personne pour toi, Imir, c'est son nom, je vais t'arranger une rencontre!
Je me retrouvais donc, moins d'une semaine plus tard, pendant l'heure du midi, attablé en face de cette fameuse personne, devant un kir à la couleur rouge sang.
Nous n'avions absolument rien en commun. Fadeur de sentiments non construits, de chemins différents, de connaissances dissemblables, d'opinions divergentes.
Pourtant, quelque chose d'étrange, d'indéfinissable rapprocha nos êtres, envahit nos âmes. Et, une heure s'était à peine écoulée que l'image de mon ami d'enfance profondément gravée dans ma conscience, s'estompa peu à peu pour disparaître totalement fondue dans les oubliettes de mon souvenir.
Vers 14 heures, pris par nos occupations, nous dûmes nous séparer en nous promettant une très prochaine rencontre.
Ah, oui, j'oubliais de vous donner ces quelques détails sans importances.
 Imir est une femme, dans la trentaine.
Reine de beauté, elle s'était présentée à moi moulée dans une robe légère.
Ses longs cheveux croulaient sur ses épaules dénudées, sa poitrine opulente à peine recouverte dansait à chacun de ses mouvements.
Sa taille exquise...
On pouvait également admirer ses hanches sublimes qui auraient pu endoctriner un moine trappiste et ses jambes fuselées semblaient lovées dans un écrin d'ébène.

Il y eut également cette confidence qu'elle me jeta pendant notre rendez-vous :
- Je ne suis pas farouche, un peu nymphomane, arrangeante, pas jalouse, avec un emploi du temps accommodant, puis, elle ajouta les yeux pétillant de désir, je n'ai pas eu de petit ami depuis au moins deux mois !
Heureux, je racontai cette nouvelle amitié à ma femme en négligeant par simple étourderie de lui préciser son gendre, les détails de son anatomie et sa "particularité".
Je suis heureuse pour toi ! Me signifia ma tendre épouse, tu peux le fréquenter à ta guise, je te laisse quartier libre.
Un petit sourire grima ma bobine épanouie. La vie nous propose tout de même quelques hasards intéressants...