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 Celui qui s'endormait pendant "l'amour est dans le pré"
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Il devait être sept heures ce joli matin d'été. Je m'apprêtais  à partir au travail quand à ma grande surprise, mon épouse, une Polonaise, d'habitude peu matinale se pointa devant moi en souriant. Elle me dit. "N'oublie pas sé soir, jé soui trop contente!". Elle m'envoya un regard complice et je souris. En fait nous avions, comme à l’habitude, un rendez-vous familial devant l’émission « l’amour est dans le pré »…
Ce soir tant attendu arriva et nous étions heureux.
Tout le monde était de la fête.
Nos deux garçons Geoffroy et Sébastien qui jubilaient déjà à l'idée de ces prochaines deux heures de bonheur.
Nos deux filles, Dorothée, la petite dernière et Caroline qui était arrivée, sympathique surprise, avec Gjergji, l'homme qui partageait sa vie et qui avait insisté, malgré sa journée harassante de travail, à l'accompagner.

Et l'émission commença, ultime plaisir, où tout le monde y alla de son petit commentaire, de sa petite émotion. "Je suis certain que c'est elle qu'il choisira! Oh qu'ils sont choux! Regardez comme ils vont bien ensemble...".
C'est alors qu'un bruit incongru dérangea notre béatitude.
Vautré sur le canapé, les deux jambes allongées, le ventre rebondi de bonhommie, la tête penchée sur le côté, Gjergji dormait et sa bouche grande ouverte nous gratifiait d’un ronflement tonitruant.
Nous nous jetâmes des regards effarés et la soirée se termina un casque audio planté sur nos oreilles pour éviter de manquer le moindre détail, la moindre conversation que pourrait couvrir le bruit abhorré...

Le lendemain ma femme lança une convocation générale en vue d’une réunion familiale urgente.

Nous étions tous là et avions immédiatement compris le but de notre assemblée.
Caroline les yeux gonflés de tristesse avait du mal à contenir son émotion.
C'est ma douce moitié qui commença :
-Caroline, sé Gjergji il n’a pas do cœur, tou dois le quitter tout dé souite. Jé  trouvé joli garçon Polonais, très bon pour toi!
Malgré les désagréments d'opinions qui m'opposaient souvent à mon épouse, je ne pouvais dans ce cas, qu'acquiescer sa remarque. J'essayais malgré tout et de façon peu convaincante de proposer une solution moins définitive :
-Caroline, peut-être, tu devrais, lui préparer de la nourriture plus… Tonique!
Sébastien n'y alla pas par quatre chemins en affirmant que l'on devrait définitivement éliminer ce genre d'énergumène de la surface de notre Terre.
Geoffroy qui travaillait à l'O.N.U. précisa que, justement, une commission venait d’y être créée pour statuer sur ces cas difficiles.
Dorothée se vanta que son petit ami, lui, au moins, ne s'endormait pas devant cette émission.
Nous eûmes tous alors un rictus d'une contrainte approbation.

Puis soudain Caroline eut une idée géniale. Elle inscrivit son amoureux à dix séances de psychanalyse réparatrice chez le meilleur psychiatre de Divonne.

C'est seulement cinq séances plus tard que Gjerdji se retrouva au beau milieu de notre salon, l'air penaud, les mains dans le dos et la tête baissée, affrontant la sévérité de nos regards.

Alors il fondit en larmes, nous affirma qu'il avait tout compris, qu'il avait été abjecte, presque inhumain et que maintenant. Il était guéri !

Ce mot « guéri » arriva tel un souffle de bonheur parmi nous. Nous applaudîmes tous très fort, exclamèrent notre joie, les femmes immédiatement lui sautèrent au cou et nous les hommes lui donnèrent une franche accolade d'affection.

Depuis ce jour béni, nous vivons nos lundis soir avec notre bon Gjergji dans la plus totale félicité.


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