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J’ai poussé la porte lentement.
Elle s’ouvrit sans le moindre effort.
Comme toujours.
Pivotant sur ses gonds sans n'émettre aucun son.
J’étais chez moi, plus tôt qu’à l’habitude.
Heureux,
Car comme chaque jour, j’allais la voir.
La surprise serait délicieuse, elle me prendrait dans ses bras et les lèvres
jointes
nous concrétiserions une fois de plus notre amour.
Un amour sans la moindre faille, parsemé de bons souvenirs.
D’une vie heureuse, ensemble, pour notre éternité.
Le couloir était vide.
Pas de bruits.
Son chandail, celui que je lui avais récemment offert pendait sur le porte
manteau,
à sa place immuable.
J’entendis sa voix.
Je lui répondis.
« Chérie, je suis là ! ».
Un silence total, glacial, fut sa seule réponse.
J’entrais dans la salle à manger.
La table était mise, les couverts alignés de façon impeccable.
Son foulard de soie, trônait en son milieu.
Comme hier.
Comme tous ces jours.
Toute cette éternité qui me condamne.
La petite ruelle résonna une fois de plus de cette intonation féminine.
Et je me souvins !
Les larmes inondèrent mon visage.
La fenêtre ouverte.
Chemin vers mon ultime solution…
Allongé sur le trottoir, ce dernier tabernacle.
Rouge de mon corps qui se vide.
J’ouvris une dernière fois les yeux, et, regardant les nuages,
j’entrevis le complément de ma vie.
« Tu es là mon ange ! ».
Mon bras réussit ce sublime effort de se tendre vers elle.
Toute buée s’effaça de mes lèvres après ces derniers mots.
« Mon amour je suis à toi !».
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