Sous ses paupières fermées

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Sous ses paupières fermées.

Il était assez tard dans la nuit.
Elle était à mes côtés, couchées sur ce matelas un peu trop mou.
C’était bizarre de la côtoyer depuis si longtemps et pourtant d’avoir l’impression de ne pas savoir grand-chose d’elle.
Juste qu’elle était belle, à ma convenance, à sa convenance.
Pour connaitre quelqu’un, eh bien, on lui parle, on lui demande des tas de choses, des choses qui nous intéressent.
Et puis, on écoute.
Et j’ai l’avantage d’avoir une excellente mémoire et de pouvoir me souvenir des nombreux détails qui avaient jusqu’ici jalonné sa vie, avaient motivé ses aspirations, ses souhaits.
Et, tout me semblait fluide chez elle.
Evident, parfait.
Pourtant, j’avais ce sentiment de ne rien percevoir, de ne rien comprendre. D’avoir tout simplement admis, accepté sa jeunesse, son insouciance, ses propos peut être dérisoires…
Elle avait posé sa joue sur sa main, m’avait souri en me disant
« maintenant on dort ! ».
Elle avait caché ses yeux sous ses grandes paupières, avait frémi un instant de bonheur en laissant échappé un soupire de contentement.
Je n’avais pas envi de dormir, non pas du tout.
J’avais juste envi de la regarder. D’admirer sa frimousse ronde, son teint clair. Son petit nez élégant, sa bouche pulpeuse et ses longs cheveux qu’elle avait rejetés en arrière dégageant ainsi la beauté de son visage.
« La vie est belle »…
Je me mis à humer ce parfum que je lui avais offert et qu’elle portait si bien
Etais-je amoureux ?
Je ne le pense pas.
Juste admiratif, heureux.
Bonheur d’être avec elle, d’avoir cette chance de pouvoir profiter de sa délicatesse, de sa fraicheur.
Un bien immense traversa mon corps.
Un apaisement dont j’avais tellement besoin et qui me comblait soudainement d’un sursaut de jouvence.
Que le temps passe vite, que mes émois s’envolent.
Je me mis à l’admirer.
Que pouvait-il bien se passer dans sa tête ?
Où ses rêves s’étaient-ils perchés ?
Ils s’étaient accrochés loin de moi, j’en suis certain.
Loin de ma décrépitude, de ma déchéance à venir.
Elle avait cette vie si belle devant elle, et j’avais la certitude de ne pouvoir aucunement en faire partie.
En fait, je n’étais qu’un instant furtif, sans importance, une plume au vent qui s’en ira très vite.
Mon doigt tendrement caressa une dernière fois son épaule d’où partait un immense tatouage qui sillonnait sur son dos.
Dors ma belle, dors ma tendre, ton printemps étincelle devant mon hiver qui me glace.
Mes lèvres se posèrent sur son front.
Mon corps s’éloigna de ce lit qui avait si souvent comblé nos ébats.
Mes larmes perlèrent de devoir la quitter.
Au revoir mon ange, prends soin de toi, de ta destinée, on se reverra peut-être.
Un dernier regard.
Mon dernier sanglot.
Et la porte de mon cœur claqua pour une dernière fois.

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