déraisons

Déraisons

Comment avaient-ils pu édifier un tel amour,
Elle, accoudée tendrement à la pointe du jour.
Vivre intensément des moments sans ennuis,
Lui qui résidait adossé aux prémices de la nuit.

Leur relation unique et sans le moindre partage
Voulait rester cachée de ce fatidique ombrage.
Son visage plissé sous l'esquisse d'un sourire
Ambitionnait vraiment de pouvoir ainsi la retenir.

Ils respiraient ensemble sans le moindre embarras
Refusant cette différence qu'ils ne discernaient pas
Le satin de sa peau dépouillé de toutes flétrissures
Abjuraient une triste finalité qui se devrait obscure.

Il la regarda tristement incorporant leur dissemblance,
Se souvenant de son passé et de sa longue errance.
Ses enfants aux destins depuis longtemps accomplis
Revendiquaient une progéniture qui s'affirmait de lui.

Elle ne voulait pas admettre cette abyssale évidence,
Effaçant d'un trait le futur de sa farouche adolescence.
S'accrochant à une destinée aux confins hypothétiques,
Désirant un enfant, apothéose de cette liaison magique.

C'est alors qu'il comprit le principe de son triste devoir,
Mettre une finalité à tout ce qu'ils auraient voulu croire.
Abdiquer devant son choix dénué de l'essence éternelle.
Lui expliquer outrageusement son manque d'étincelles.

Elle implora, se vidant de cette accointance idyllique,
De ce premier émoi qu'elle estimait d'un absolu unique.

Les clartés de soleil gommèrent lentement son affliction
Et lui offrirent enfin une vie dépouillée de toutes déraisons.