Pas un Zeste |
Le hasard fait mal les choses ! Ils se trouvaient à la gare de Genève devant la porte numéro sept, celle qui amène les passagers en provenance de France. Pierre et Lydie lelax attendaient patiemment
la venue d’un couple ami de Lydie. Sa femme les avait rencontrés lors d’un
long séjour qu’elle avait fait en région parisienne. Lydie était une
physicienne qui travaillait au Cern et ses occupations scientifiques lui
imposaient de se rendre pendant de longues périodes au centre de recherche de
Saclay. C’est là bas qu’elle avait rencontré ce charmant couple, Léon et
Chloé. Ceux ci
l’avaient amicalement entourée de leur amitié. «Vous ne nous dérangerez pas du tout ! Avait-elle précisé au téléphone. Notre maison possède un appartement indépendant et vous serez donc totalement libre d’y vivre à votre guise ! » Lydie et Pierre évoquaient la perfection dans un couple. Heureux d’être ensemble, sans enfant et ne désirant pour l’instant ne pas en avoir, tous deux dans la trentaine, ils vivaient une vie prospère où l’argent ne posait pour eux aucun problème. Tout était rose dans leur vie, excepté peut-être, cette petite incartade que Pierre avait eue dans un lointain passé. En
fait, il y a déjà de nombreuses années de cela, une magnifique créature
l’avait ensorcelée l’espace de quelques mois, puis, soudainement avait
disparu de sa vie sans même la moindre explication. Il l’avait rencontrée à la piscine du
Grand Lancy où il aimait défouler son énergie excessive. Régulièrement, Il venait y nager avec acharnement pendant une bonne heure et
demi, allant et venant au long du bassin de cinquante mètres. «Elle est très agréable cette piscine ! N’est ce pas ? Ses lèvres pulpeuses laissaient filtrer une
voix douce et mélodieuse. -Je crois que c’est assez pour moi aujourd’hui ! Dit-elle en se hissant au sec. » Pierre en fit de même et, étrange coïncidence, ils se dirigèrent dans la même direction pour rejoindre leur serviette. Le banal début de conversation se continua donc tout naturellement. Elle hotta son bonnet de bain pour découvrir ses cheveux d’un blond éclatant, puis, d’un geste de la tête elle les rejeta en arrière. Pierre suivit des yeux le gracieux mouvement de sa chevelure, puis son regard s’attarda sur ses contours. De la pointe de ses orteils, par le galbe de ses seins, tout en elle lui semblait comparable à la perfection. Elle remarqua bien évidemment l’avidité de son regard et accentua donc quelques-unes une de ses poses des plus avenantes. Puis, tous deux assis, entourés de leur drap de bain, ils firent plus ample connaissance. «Je m’appelle Chloé ! -Moi c’est Pierre ! Enchanté de vous rencontrer ! Ajouta t’il avant de lui tendre la main. » Son pouce profita de cette poignée amicale pour appliquer quelques lascives caresses à son index. Elle parut ne pas s’apercevoir de ce geste de tendresse. Elle le regardait droit dans les yeux. Des yeux d’une profondeur où pendant quelques instants il crut bien se perdre. Les
détails de sa vie furent rapidement étalées. Elle travaillait à l’U.B.S.
était célibataire et heureuse de l’être, adorait la musique classique et
l’art en général. Elle vivait ici depuis peu et ne connaissait pas grand
monde. Elle lui demanda s’il pouvait la conseiller sur les choses qui devait
être vu dans la région. Les trois mois qui suivirent furent
une succession de rendez-vous amoureux, où leurs corps échangèrent leurs
ardeurs enfiévrées, où le temps
volé à leurs occupations semblait s’enfuir devant eux, où la symbiose
d’une entente parfaite enivrait chaque parcelle de leurs rencontres. Mille
fois il crut que sa femme avait découvert cette relation coupable. Pourtant, il
n’en fut rien, ni elle, ni sa maîtresse n’eurent vent de leur rivale. Mais
tout ceci était bien loin maintenant. Sa femme lui donna un petit coup de coude. «Ils arrivent ! Dit-elle, les apercevant au loin mêlés dans la file des voyageurs. » Pierre cherchait des yeux qui ils pouvaient
bien être. Saurait-il reconnaître des personnes que sa femme tenait dans une
si profonde considération. ----------------------------------------- Lydie se précipita à la rencontre du couple et s’empressa de quelques bises partagées avec eux. Puis elle prit ses deux amis par la main et les emmena vers son mari. «Je vous présente Pierre. Mon mari ! » Proclama t’elle, puis elle continua. Mon amour voici mes très, très chers amis dont je t’ai souvent parlé, Léon et Chloé. Pierre avait changé de mine, son visage avait pris la gravité des mauvais jours. Sa gorge s’était desséchée, une pellicule de sueur avait entièrement recouvert son corps, avec peine il balbutia quelques mots de bien-venue à Léon et sa main tremblante toucha celle de Chloé. Oui ! Cette fameuse Chloé qui avait depuis si longtemps disparue de sa vie et qui se retrouvait maintenant en face de lui. Toujours aussi belle, attirante, aguicheuse. Elle l’observait avec amusement, ses yeux semblant vouloir pénétrer au plus profond de sa personne avec, semblait-il, cette réelle intention de le troubler encore un peu plus. Lydie et Léon ne s’étaient aperçus de rien, ils discutaient déjà physique, projet d’expérience et s’éloignaient en pleine discussion en direction de la sortie. Pierre ne savait pas comment réagir devant la belle Chloé, les jambes molles il emboîta le pas de sa moitié qui venait de l’inviter à s’occuper des valises. Chloé en quelques pas rejoint son mari. Perchée sur de hauts talons, elle se mouvait avec une grâce féline balançant ses hanches dans une volupté provocatrice. Elle ressentait le regard de Pierre, l’imaginant oscillant sur ses formes lascives, retrouvant le reflet si longtemps évaporé de sa personne. Le trajet qui les conduisit à leur propriété
ne fut meublé que par la conversation passionnée de sa femme avec Léon. Chloé
à côté de lui resta silencieuse, croisant ses jambes découvertes par une
jupe certainement un peu courte. Pierre se concentrait avec difficulté sur la
conduite de son véhicule. Jetant discrètement quelques coups d’œil à sa
voisine, à son ancienne amante, redécouvrant la silhouette de
sa poitrine, de ses gambettes d’ébènes, de sa posture parfaitement
verticale, de la rondeur effacée de son ventre. Son esprit chavirait dans le rêve
de leurs étreintes passées, dans cet amour qu’il avait fini par s’égarer
dans le plus profond de son être en abjurant même sa réminiscence. Mais
maintenant c’était bien elle qui était prêt de lui, mariée au meilleur ami
de sa femme et qui allait passer au moins un an dans sa propre demeure. «Il fait très beau aujourd’hui !
» Lui murmura Chloé en tournant la tête dans sa direction. Pierre la regarda, se désintéressant
imprudemment de la route. Une brusque embardée lui permit d’éviter
l’accident. Pierre ralentit son véhicule, et
s’engagea dans un petit chemin privé. Devant eux leur magnifique propriété
s’offrait maintenant à leurs yeux. ----------------------------------------- Pointant de son doigt une petite porte
située sur le côté droit de la demeure, Lydie demanda à ses amis de la
suivre. L’endroit était charmant et spacieux.
Au rez-de-chaussée il y avait un petit salon coquettement meublé, une cuisine
avec tout l’équipement indispensable et une véranda qui procurait une clarté
sympathique à toute la maisonnée. Au premier étage, deux chambres l’une au
ton bleutée attachée à une salle de bain de coloris identique et l’autre
plus petite tapissée de papier aux motifs printaniers. «Voici de quoi ranger toutes vos affaires !
» Pierre avait posé les valises qu’il
portait à l’entrée de la chambre et, sans le moindre bruit, s’était éclipsé. -Je vous ai rangé deux jeux de draps dans
ce placard. Voici des linges et deux peignoirs. S’il vous manque quoi que ce
soit n’ayez aucune hésitation pour me le demander.
-Je vous laisse vous installer. Nous vous attendons vers dix neuf heures pour dîner. C’est la première porte
à côté de chez vous. Vingt mètres sur la gauche ! Ajouta t-elle en
plaisantant. Puis Lydie fit mine de partir. En
descendant les escaliers, elle s’arrêta, puis s’adressant une dernière
fois à eux ajouta. Chloé et Léon, s’allongèrent sur le
lit. La main gauche de Chloé enserra celle de son compagnon. -Ils ne se sont pas moqués de nous !
Dit-elle. -Lydie est vraiment parfaite !
Commenta Léon. -Je crois que nous allons nous plaire ici ! -Ne crois pas que je vais m’occuper de
ta valise, allez, fainéant au travail ! Chloé avait cette qualité ou ce défaut
d’aimer l’ordre parfait et elle ne pouvait supporter aucun bazar. Elle
rangea soigneusement ses vêtements, alloua une place spécifique pour ceux de Léon,
qui lui, aurait préféré un peu plus de laisser aller. Puis elle le Laissa
prendre son bain et descendit prendre possession de la cuisine. Lydie avait pensé à tout. Du lait, des légumes
frais et un morceau de bœuf dans le frigo, des fruits dans une corbeille. Chloé se mit à penser à cette relation
lointaine qu’elle avait eu avec Pierre. Son corps trembla aux souvenirs de ses
caresses, à ses mots si doux échangés… «La salle de bain est libre ! Léon apparut, drapé d’un long peignoir
d’un blanc irréel, se frictionnant les cheveux à l’aide d’une serviette.
Il prit une pomme dans sa main gauche la frotta sur le drapé qui cachait son
ventre et croqua jovialement dans le fruit. Chloé lui sourit. -Tu as raison, Lydie est vraiment une hôtesse
admirable. Tous deux se tenaient devant la fenêtre.
En face d’eux, le Jura s’élançait verticalement vers le ciel. Le joli parc
de la propriété avait depuis peu revêtu ses couleurs de fin d’automne. Ils
aperçurent Pierre un râteau à la main qui nettoyait la pelouse des nombreuses
feuilles mortes qui s’y étaient déposées. -Comment le trouves-tu ? Demanda Léon. -Je ne sais pas, nous n’avons échangé
que quelques mots sans importances. Il … Elle arrêta brusquement la remarque
qu’elle avait l’attention d’ajouter, se détourna de la clarté naturelle
et d’un pas léger s’esquiva. -Je vais faire ma toilette ! Léon ne s’interrogea nullement sur
cette dérobade et les yeux posés sur son hôte, imaginait sa personnalité. Le
félicitant intérieurement de la chance d’être le mari de la charmante
Lydie. ------------------------------ Ils frappèrent à la porte. «Entrez vite, il fait un froid terrible !
» S’exclama Lydie en les recevant. Léon et Chloé pénétrèrent dans
l’immense demeure. Un grand hall pavé de marbre, deux escaliers aux montés
symétriques, une statue grecque d’un goût délicat, un énorme lustre dont
les diamants de cristal rayonnaient de mille feux et une multitude
d’ornementations soulignaient l’évidence de la magnificence du lieu. Lydie débarrassa ses invités de leurs épais
manteaux et eut un regard d’admiration devant la robe de Chloé. En effet,
celle ci accompagnait merveilleusement ses courbes parfaites et ne laissait que
peu de place à l’imagination. La réaction de son mari fut totalement prévisible,
il resta quelques instants immobiles, ses yeux avides se promenant sans retenu
sur ces formes qu’il connaissait si bien. Léon fît mine de ne rien
remarquer. Puis, Lydie semblant agacée pressa son mari de faire visiter les
lieux à ses hôtes. Ils firent donc le tour du propriétaire. L’endroit démontrait sans conteste les
revenus confortables de leurs amis. Une chose anodine les intéressèrent plus
particulièrement. c’était la véranda qui était agrémentée par la présence
d’un magnifique citronnier orné d’une multitude de fruits. «Sont-ils comestibles ? Demanda Léon. -Bien entendu, je vais d’ailleurs bientôt
les ramasser et les stocker dans ma cave avec les pommes, ceci leurs permettra
de mûrir plus vite ! Puis ils montèrent tous à l’étage supérieur
pour admirer les chambres et la magnifique vue qu’ils avaient sur les lumières
de Genève. Lydie pointa d’un doigt une porte
particulièrement massive. -Celle-ci mène à votre appartement, mais
ne vous inquiétez pas, il y a un verrou de chaque côté. Ne craignez donc rien
pour l’intimité de votre foyer ! Dit-elle en rigolant. Léon tapota gentiment la porte. -Je me sens plus rassuré ! Plaisanta
t-il. Bientôt ils se retrouvèrent devant une
table somptueusement garnie. Pierre assis en face de Chloé ne pouvait s’empêcher
de s’absorber dans son image, profitant du moindre aparté entre les deux
esprits scientifiques de sa femme et de Léon pour lui décocher quelques
regards sulfureux. Pendant le repas, les deux compères de travail quittèrent
ensemble la table en s’excusant à peine pour aller vérifier dans un livre de
la bibliothèque une affirmation contestable concernant quelques équations mathématiques.
Chloé en profita pour poser sa main sur
celle de Pierre, son regard assaillit la profondeur de ses yeux, puis elle
murmura une simple question. «M’aimes-tu encore ? Pierre ne dit rien, extrêmement troublé
par le simple contact charnel de leurs doigts maintenant entremêlés. En fait,
son esprit ne savait pas vraiment que répondre. Sa disparition, il se souvenait d’en
avoir vraiment souffert. Il lui avait fallu des mois pour l’éradiquer de son
esprit. Pour enrayer ses longues nuits d’insomnie à la recherche de sa présence.
Pour effacer les rêves de sa peau, de son odeur, de sa délicate affection. Puis tout aussi soudainement sa fortuite
intrusion dans son environnement familiale, alors que toute cette aventure n’était
pour lui plus qu’un vague souvenir. Elle lui sourit, ses doigts habilement se séparèrent des siens, elle découpa un morceau de viande qu’elle amena délicatement à sa bouche pendant que Lydie et son mari les rejoignaient heureux d’avoir trouvé la solution de leur problème.
-Avez-vous fait plus ample connaissance ? Demanda Léon. Chloé le confirma d’un mouvement de la
tête puis ajouta s’adressant à Lydie. - Ton mari est un homme tout à fait
charmant ! ---------------------------- Revenons à ma
première affirmation concernant le hasard ! Il avait au début
de cette histoire bien mal fait les choses, mais pourtant, vous le comprendrez
plus tard, une nouvelle rencontre allait bientôt attester du contraire. Ernest Puppa,
un livre à la main se délectait de quelques bouchées d’un Kebab assis à la
table de « Chez Billy », petit bistroquet qui se trouvait à
quelques dizaine de mètres du cinéma-club de Gex. Ce n’était pas vraiment
son habitude de s’y installer car il habitait non loin de là et
s’accommodait facilement de sa propre cuisine. Mais aujourd’hui il s’était
présenté trop tôt à la séance cinématographique du jour et avait une bonne
demi-heure à passer avant l’ouverture de la salle. Au lieu de rentrer chez
lui il avait donc décidé de tuer ces quelques instants d’attente à
se délecter de cette nourriture maghrébine. En même temps
il s’était plongé dans sa lecture du moment, un livre de poche «Ou
bien…ou bien», œuvre majeure de Kierkegaard parlant des choix de l’existence. Une lecture bien austère en vérité,
mais qui s’apparentait fortement bien à la nature conceptuelle de son
existence. Sur sa droite
quelqu’un tapait sur la vitrine du bistrot. Ernest reconnu
immédiatement l’un de ses copains. Il lui fît un signe de la main pour
qu’il vienne le rejoindre. Et, ce fût fait en quelques instants. Sylvain
Gompier, maintenant assis en face de lui, souriait comme il en avait
l’habitude. «Alors toubib,
quoi de neuf ! -Oh, la
routine, huit angines, trois crises de foie, quelques foulures et deux problèmes
cardiaques ! Pour lui, la
journée venait juste de se terminer et à ses yeux fatigués on pouvait
comprendre que son travail s’apparentait à du dévouement. -Il est temps
pour toi de prendre quelques vacances. Fît remarquer Puppa. Le docteur
hocha de la tête, mais son métier était pour lui une réelle passion, un
sacrifice de sa personne qu’il déployait bien volontiers. Les deux hommes
parlèrent longuement. Ernest avait rapidement compris que cet ami qu’il
voyait peu souvent ressentait la nécessité de se confier à quelqu’un, de
raconter ses propres peines et afflictions. La conversation fût donc un simple
monologue qui n’exigeait de Puppa que quelques courtes réponses ou
suggestions. Puis vint cet instant crucial qui, vous le comprendrez plus tard,
fut prépondérant dans la découverte d’un macabre homicide. -Quand tu te
trouves dans l’obligation d’établir des certificats de décès ! Dit Puppa.
As-tu déjà eu l’impression de te trouver devant une mort, disons, pas si
naturelle que ça ? Sylvain réfléchit
quelques instants. -Et bien,
maintenant que tu m’en parles, ça m’est arrivé de douter de la nature légitime
de la mort. Quelques rares fois, il est vrai. Ce n’est pas vraiment une
certitude, mais juste une réflexion, une impression qui pendant quelques
instants m’a interloquée. -Et qu’as-tu
fait ? -Rien ! Répondit-il
l’air penaud. Tu sais, à cause de la tristesse des proches du défunt, le
doute du bien-fondé de ta considération ne te permet peut-être pas d’avoir
le recul nécessaire pour décider qu’une autopsie soit obligatoire. Puppa l’écouta
sans rien dire. Le toubib se
demanda ce qui lui était bien passé par la tête pour pauser une telle
question. Peut-être, la déformation professionnelle provenant de son métier
d’inspecteur de police ! Le regard de
Sylvain lui demanda à cet instant une réponse, une recommandation. Puppa
ouvrit enfin la bouche. -T’inquiète
pas pour ça ! Mais si un jour t’as un doute, passe-moi un coup de fil. Puis jetant un
coup d’œil à sa montre, Ernest se rendit compte que la séance du film
qu’il voulait voir venait de commencer sans lui. Il s’excusa et expliqua que
pour rien au monde il ne pouvait le manquer. Plus tard, en
repassant avec sa voiture devant le cinéma, Sylvain s’amusa à la vue de
l’affiche. « Sept ans de réflexion » avec Marilyn Monroe. -Sacré Puppa
se dit-il, toujours aussi amoureux de ta Marilyn ! ------------------------------------------------ Ils restaient enlacés. Leur désir
assouvit, ils aimaient s’éterniser ainsi sans le moindre mouvement, écoutant
leurs battements de cœur, attentif aux moindres frémissements de l’autre.
Leurs retrouvailles avaient été si heureuses, si nécessaires. Ils
ressentaient à nouveau le bien-être de leurs rencontres quotidiennes. Leurs yeux se rencontrèrent dans la lumière blafarde de cette sombre après-midi d’hiver. Il déposa un baiser sur sa bouche. «Tu crois qu’il se doute de quelque chose ? Demanda t’il.
-Je ne le crois pas. Tu sais, avec ses occupations. Et puis il est tellement égoïste.
Certain de son charme. -Ressens-tu encore quelque chose pour lui
? Elle ferma les yeux. Il comprit que son silence ne signifiait qu’un instant de réflexion. Puis elle affirma.
-Non ! Puis, elle se remit à égrener tous les défauts
dont son mari étaient à son goût affublé. Ce fut à cet instant qu’une idée
machiavélique germa dans leurs esprits. Il fallait le supprimer… Elle connaissait ses habitudes !Il
suffisait simplement de réfléchir à la façon de le supprimer de façon à
rester impuni. Allongés sur le dos, sa main droite étreignant
sa main gauche, ils méditaient. Ils n’entendirent même pas le grincement de
la porte qui séparait les deux appartements, ni les bruits des talons qui
s’enchaînèrent dans le couloir. Le loquet de la porte de leur chambre
lentement pivota, puis sans le moindre bruit, elle entra. Ce fut Lydie qui la vit en premier. Chloé restait là, immobile, les
regardant dans un silence inconfortable. ----------------------------------- Pierre partiellement assoupi encaissait à
intervalles réguliers les soubresauts du wagon qui l’emmenait en direction de
Zurich. Il devait se rendre au siège social de son entreprise. Il n’était
pas vraiment heureux de cette obligation. Pourtant ce n’était habituellement
pas le cas, mais cette fois il aurait préféré un métier plus sédentaire. La
présence de Chloé en était la principale raison. Il ne l’avait vu que
quelques jours depuis son arrivée et son image le hantait, peuplait ses rêves
du souvenir de leur liaison passée. Il s’était mis en tête de la reconquérir
et de fuir avec elle loin de cette vie qui lui semblait soudainement si plate et
dénuée de tout intérêt. Il lui semblait que ce projet n’émanait pour le
moment que de son simple fait et il n’était pas certain de pouvoir décider
son ancienne maîtresse à le suivre. Il n’avait pu la voir seul à seul que
quelques brefs moments. Il se souvint de cette après-midi où,
enfin seuls, il avait posé ses mains sur ses hanches et avait voulu
l’embrasser. Mais elle s’était esquissée. «Non pas ici, pas maintenant !
Avait-elle dit. Il s’était aperçu que son regard sur
lui avait changé. Que ses yeux si doux qui le troublaient et provoquaient en
son cœur des battements intempestifs ne brûlaient plus de la même sorcellerie
! Pourtant son égaux refusait cette réalité. Pour lui, ce n’était qu’une
réaction passagère, résultat d’une si longue absence. -Pourquoi es-tu si brutalement partie ?
Dit-il. Elle lui tourna le dos, un peu comme si
elle voulait lui cacher son émotion, fit quelques pas, puis lui fit face à
nouveau. -Il fallait que je te quitte, le
croisement de notre chemin devait à mon avis ne rester qu’un heureux
souvenir. Ta vie se trouve ici avec ta femme, ton travail, tes habitudes. Moi,
j’avais besoin de la stabilité d’un homme qui n’aimerait que moi et qui
m’offrirait le confort d’un foyer sans vague. La rencontre que j’avais
inopinément faite avec Léon me proposait tout cela ! Puis, Pierre se souvint de la venue de Léon
dans le pays de Gex. A l’époque, il ne l’avait pas lui-même rencontré,
mais sa femme avait devisé de sa présence. Lui avait indiqué qu’elle
travaillerait en collaboration avec cet homme qui lui semblait posséder des
qualités scientifiques remarquables. Qu’il n’était ici que pour quelques
jours, qu’elle lui avait exposé son projet et qu’ensuite elle devait elle-même
se rendre sur Paris pour être présentée à son équipe. Mais, alors, comment avait-elle pu en une
si courte période de temps s’amouracher de cet homme et décidé en quelques
jours de le rejoindre ? Il aurait voulu prolonger cette
conversation et trouver ainsi les réponses à ses interrogations, mais Léon et
Lydie étaient de retour et ne permirent pas aux anciens amants d’éclairer
les points obscurs de leur histoire. -------------------------------------- Ernest regardait par la fenêtre de sa
chambre. Il avait posé sur sa table de chevet le
petit bouquin de Kierkegaard. Cette confrontation entre l’éthique et l’esthétique
l’avait laissé songeur. Il ressentait une sorte de profonde
ambivalence à ce sujet. Il songea qu’il avait toujours su faire la part de
ses deux aspects de la vie, choisissant le juste milieu qui lui permettrait une
meilleure compréhension de l’existence. «Non ! Cette négation jaillit brusquement de la
bouche d’Ernest. Quelle motivation l’avait-elle entraîné
dans ce brusque refus ! -T’en à pas mare de tes dérives
philosophiques ! Tu veux faire fuir les lecteurs ?
Et puis tes dérapages doctrinaux, tu les gardes pour toi ! Cette allégation remis de l’ordre dans
mon esprit. Mes doigts se crispèrent sur les touches de mon ordinateur
portable. Je compris qu’il me fallait reprendre le cours évident de
l’histoire. Récupérer le lien qui m’unissait avec ces deux couples et qui
me hantait depuis quelques temps. L’image de la jolie Chloé se dessina
fantomatiquement devant moi. Je la voyais encore plus belle que dans mon
imagination, comprenant l’amour que Pierre avait pu lui porter et
m’interrogeant sur la suite de l’histoire. Etait-ce elle qui allait perpétrer
le forfait criminel ou allais-je laisser l’un des trois autres protagonistes
commettre l’irréparable. Le sens de cette annale se brouilla soudainement,
tandis que Puppa, les bras croisés attendait mécontent la décision qui lui
permettrait de faire apparaître la plénitude de son géni. Puppa tapota sur la vitre de sa fenêtre.
Il espérait ainsi attirer l’attention de son copain et pouvoir lui faire un
petit salut amical. L’éloignement de celui ci ne lui permit pas d’entendre
cet appel, il continua son chemin, emmitouflé dans un grand manteau qui le protégeait
de la température glaciale. ------------------------------------------------ Chloé regarda le couple illégitime enlacé
dans le même lit. Qu’allait être sa réaction ? «Ma chérie, tu viens nous
rejoindre ! Chloé sourit, elle dénoua la ceinture
qui gardait les pans de son peignoir réunis. La plénitude de sa nudité
engagea quelques considérations admiratives de la part de Lydie, puis, sur la
pointe des pieds, dans une démarche de gazelle, la belle rejoignit rapidement
leur couche. «Il faut qu’on liquide Pierre ! Lança
soudainement Lydie. Chloé acquiesça aussitôt. -On serait si heureux ensemble, sans lui,
sans sa présence dérangeante. Le ton de la conversation qui s’en
suivit montrait une animosité à son égard que personne étranger à
l’affaire n’aurait pu soupçonner. Le pauvre fût affublé de tous les défauts
de la terre, traité d’être ignoble, méprisable, ne montrant aucune considération
pour les autres et ne pensant qu’à son propre contentement. Léon, lui, ne dit pas un mot. Bien
qu’il ressente une totale acceptation envers ces propos
haineux. Il préférait écouter, se délectant de la haine qu’éprouvaient
ses amantes envers cet être qui se campait comme seul et dernier écueil à
leur parfaite union. Ce qui l ‘avait toujours étonné
c’est que Lydie ne laissait jamais transparaître sa haine devant son mari.
Celui ci ne se doutait de rien. Il lui avait même confié que son couple vivait
dans une parfaite harmonie, qu’ils s’adoraient et que leur union resterait
éternelle. Prenant le pas de la conversation il se décida
à dénigrer lui-même son concurrent et d’ainsi enfoncer un peu plus le clou
qui était pourtant complètement écrasé. La conclusion de Lydie reçue rapidement
la confirmation de ses amis. -Il faut le supprimer ! Cracha
t’elle dans un dernier aboutissement. Toutes les têtes approuvèrent d’un
mouvement à l’unisson. Un dernier frisson parcouru leurs échines.
Frisson de bonheur, bonheur de s’être accordé sur le remède de leurs
ressentiments. Il fallait maintenant réfléchir sur le moyen de faire cela
proprement, sans attirer l’attention de leur entourage ou de la police. Il
fallait l’occire en faisant croire à un décès naturel. -Une ballade en montagne qui se termine
mal ! -Un accident de voiture ! Une kyrielle d’hypothèses ne les
satisfaire pas, trop complexes à réaliser, trop dangereuses, trop évidentes. C’est le regard vagabond de Lydie qui
apporta le premier maillon de la terrible solution. Chloé enchaîna sur la façon
de provoquer le drame sans attirer de soupçons qui pourraient immanquablement
entraîner une autopsie. Léon grimaça devant l’horreur machiavélique
des deux femmes. Puis le téléphone sonna. C’était
Pierre qui annonçait son retour de voyage. Son train venait d’entrer en gare.
Dans moins d’une demi-heure il serait à la maison. Chloé alla fouiller dans un tiroir en
tira un feuillet, le parcouru rapidement et affirma. -Il faudra faire vite, le docteur
Sylvain Gompier sera de garde dans quinze jours. ------------------------------- Pierre ne se sentait pas bien. Depuis
quelques jours, il éprouvait des palpitations cardiaques et cela l’inquiétait.
Il décida enfin à aller voir son médecin et c’est dans la salle d’attente
qu’actuellement il se trouvait. Depuis son retour, il n’avait pas
vraiment revu Chloé. Elle l’évitait, n’était même pas venu avec son mari
pour boire l’apéritif, prétextant qu’elle ne se sentait pas très bien. Pierre s’en était fait une raison, il
fallait faire une croix sur cet ancien amour, oublier sa présence. Mais cela le
contrariait au plus haut point. D’ailleurs il pensait que c’était ce stress
qui le rendait malade. «Alors Pierre, qu’est ce qui t’amène !
Les deux hommes étaient amis depuis
longtemps et s’appréciaient particulièrement. -Je ne me sens pas très bien, mon cœur
s’emballe à tous moments. Il prit sa tension puis, muni de son stéthoscope
jaugea les pulsations cardiaques de son copain. Après quelques minutes
d’auscultation il ne put que constater l’irrégularité de cet organe vital. -Oui, tout cela ne me semble pas très
bien, tu vas prendre quelques jours de repos. Puis écrivant son ordonnance il
ajouta. Je t’envoie faire un électrocardiogramme puis tu reviendras vite me
voir pour que l’on puisse guérir tout cela très vite. -Penses-tu que c’est grave ? -Fais d’abord cet examen, puis reviens
me voir. Pour l’instant, je te conseille de prendre quelques jours de repos ! -------------------------------------------- On était dimanche après-midi. Lydie en
compagnie de Pierre profitait de la chaleur apportée par quelques rayons de
soleil. Sans prêter attention au faciès
pathologique de Pierre, elle leva la tête, fixa des ses yeux le citronnier,
compta d’un rapide mouvement de tête les fruits qui s’y trouvaient puis
interpella son mari. «Pierre, ne m’avais-tu pas dit que tu
devais entreposer les citrons dans notre cave pour leurs permettrent de mûrir
plus vite. Pierre leva la tête, il n’avait
vraiment pas la tête à jardiner. Mais, peut-être pour se dégager de sa
tristesse, il acquiesça la suggestion en ajoutant. -Tiens c’est une bonne idée ! Se levant avec peine, il se dirigea vers
l’arbuste et commença sa récolte. Comme il en avait l’habitude, il prit
soin d’entreposer chaque fruit dans d’un petit panier d’osier qui se
tenait prêt de lui. Lydie le regardait en coin feignant de ne
pas s’intéresser à ce qu’il faisait, un petit sourire se dessina sur le
coin de ses lèvres, son cœur se mit à battre un peu plus vite qu’à
l’habitude, tout se déroulait comme il était prévu. Bientôt elle serait
libre. ------------------------------ Pierre descendit au sous-sol, se présenta
devant la cave qu’il réservait à ses récoltes. Il poussa la lourde porte en
bois. Aussitôt les senteurs de campagne charmèrent ses narines lui tirant un
frissonnement de plaisir. Il entra lentement dans le grand local. Devant lui posés
soigneusement sur de grandes planches en bois on pouvait voir de nombreuses
pommes et poires qui attendaient une seule chose. Qu’on les mange ! Une pile de vieux journaux faisait office
d’éponge à humidité. Il referma la porte derrière lui. La petite lucarne
postée à niveau du plafond lui dispensait une lumière trop diffuse. Il se décida
donc à allumer son ampoule électrique. Il manipula le levier de
l’interrupteur à maintes reprises sans obtenir le moindre résultat. IL
bougonna quelques jurons. Elle est toujours claquée quand on a besoin d’elle
se dit-il. Bon, pour aujourd’hui il se débrouillerait sans son aide. Il entreprit de ranger minutieusement ses
citrons sur les rayonnages, prenant garde de les alterner avec les autres
fruits. Absorbé dans sa tâche, il n’entendit même pas la clef qui tournait
dans la serrure de la porte, ni même ces bruits de pas feutrés qui naviguaient
dans le couloir. Pourtant au bout de quelques instants une
odeur désagréable le fit réagir. Il toussota. «Ca sent le gaz !
» Dit-il. Inquiet il posa sa main sur la poignée de
la porte. Elle ne s’ouvrit pas ! «Mais, je suis enfermé, c’est quoi
cette plaisanterie ! L’odeur de gaz se faisait de plus en
plus pressante, il se sentait suffoqué. Il se mit à tambouriner sur la porte. «Aidez-moi !
» Lydie, je suis enfermé.
A l’aide. C’est à ce moment qu’il aperçut le
petit tuyau qui passait sous le pas de la porte. C’était de lui que venaient
ces émanations. Il le saisit, mais certainement trop tard, il commença à
tituber son esprit se brouilla, quand, il entendit un petit bruit au-dessus de
sa tête, levant son regard, il aperçut Chloé, Léon et Lydie qui le
regardaient méchamment agoniser à travers la lucarne. Pierre broya de rage le
citron qu’il tenait dans la main. «Mais, pourquoi veulent-ils me tuer !»
Hurla t’il. Regardant ses bourreaux il chancela une
dernière fois avant de s’effondrer, entraînant dans sa chute la pile de
journaux ainsi que l’une des étagères. Son agonie dura quelques minutes où
il lutta tant qu’il le put avant de sombrer dans son trépas. Une bonne heure s’était maintenant écoulée
quand les meurtriers se décidèrent à ouvrir la porte. Lydie enleva la clef de
la serrure et la remis du côté intérieur de la pièce, Chloé ouvrit la
lucarne et à l’aide d’une plaque de carton, d’un mouvement répété de
haut en bas provoqua un courant d’air dans le but d’éliminé l’odeur de
gaz. Léon enroula le tuyau, prit la bombonne de
butane et la remonta chez lui. Quelques minutes plus tard, calmement
Lydie décrocha son téléphone. Dès qu’une réponse lui arriva, elle se mit
à jouer son rôle à la perfection. «Docteur Sylvain Gompier, c’est Lydie
Lelax. Venez vite, mon mari a pris un malaise ! --------------------------------- Il ne fallut que quelques minutes au
docteur Gompier, pour arriver sur les lieux. Lydie semblait effondrée, elle était
assise sur le canapé, en larme et c’est Chloé qui le reçu. « Je suis une amie de Lydie et voici
mon mari Léon, nous logeons dans l’appartement à côté. -Où se trouve Pierre ? -A la cave, il était en train de ranger
ses citrons, quand Lydie s’est aperçue de l’absence un peu trop longue de
Pierre, elle est descendue pour le voir et… » Tout en parlant, elle lui avait intimé de
le suivre jusqu’à l’endroit du malaise. Sylvain eut un frisson d’effroi quand il
vit son copain allongé de tout son long sur le sol. Le pauvre homme était
entouré des fruits et journaux qu’il avait entraînés dans sa chute. « Nous n’avons pas osé le
retourner ! »Renseigna Léon. Le docteur, poussa du pied les citrons qui
le gênaient puis s’agenouilla prêt du corps de son ami. Il le retourna délicatement.
Porta la main à sa gorge. Ceci confirma ce qu’il savait déjà. Il referma
les yeux grands ouverts de son ami, puis se releva doucement la larme à l’œil. Avec difficulté, il précisa leur dernière
rencontre. « Il est venu me voir. Il y a
quelques jours. Il semblait avoir des problèmes cardiaques, je pense qu’il
vient de succomber à son mal. » Lydie qui venait de les rejoindre fut
prise d’un malaise. Le docteur réagit immédiatement. Il se pencha vers Lydie dont la pâleur témoignait
du choc qu’elle venait de subir. « Aidez-moi à la remonter ! » Tous se retrouvèrent dans le salon. Lydie lentement reprenait ses esprits.
Chloé assise à côté de Léon lui tenait la main cherchant ainsi quelques réconforts.
Leurs visages tendus et graves restaient fermés. Le docteur assis à une table prenait
quelques notes sur son calepin, notifiant la cause du décès. Le silence était tel que l’on pouvait
clairement entendre le crissement de son stylo. Sur son rapport il écrivait : « Crise cardiaque », puis il précisa
l’inquiétude que Pierre lui avait signalée au sujet de son cœur et les
examens qu’il venait de subir. Pourtant, malgré l’évidence de la
mort. Sylvain ressentait une incertitude. Quelque chose ne collait pas… Relevant la tête de ses écrits, il réfléchit
quelques secondes. Fouilla dans sa sacoche d’où il sortit son téléphone
portable et lança un coup de fil. Tout en composa un numéro il demanda. « Quel est votre adresse exacte ?
» Léon lui répondit. Sylvain en ligne avec son correspondant,
après quelques brèves paroles de civilité et une explication sommaire des
faits, épela ces coordonnées puis ajouta. « Si tu peux venir tout de suite, je
t’attends ! » Il se leva de sa chaise, se rendit au
chevet de Lydie, lui prit la main. « Allez-vous mieux ? » Lydie eut un pâle sourire. « J’ai demandé à un ami médecin
de venir vérifier quelque chose concernant la mort de Pierre. C’est lui qui
a, il y a quelques jours, pratiqué sur Pierre les examens cardiaques que je lui
avais demandés ! » Lydie lui répondit d’un hochement de tête. La main de Chloé enserra un peu plus fort
celle de son mari. Un petit quart d’heure plus tard,
quelqu’un sonna à la porte. ----------------------------------- -C’est Ernest ! Je vais ouvrir !
Commenta le médecin. -Alors, Sylvain quelque chose qui ne va
pas ? Sylvain, cligna des yeux, intimant ainsi
la discrétion à son interlocuteur. L’entraînant dans un coin de la pièce,
à voix basse et en quelques mots, il lui fît part de ses doutes. Il ajouta. « Tu m’avais gentiment proposé
l’autre jour de m ‘assister dans le cas où j’éprouverais un doute
sur la nature d’un décès ! Te voici à l’épreuve ! » Les deux hommes descendirent à la cave,
nos trois complices qui avaient de loin observé la rencontre, ne bronchèrent
pas d’un pouce, acceptant sans aucune réaction la venue d’Ernest qu’il
pensait être un médecin. Quand ils les entendirent atteindre les
dernières marches au bas des escaliers. Léon et Chloé murmurèrent ces
quelques mots à l’intention de Lydie. « Prends ce cachet, tu iras mieux ! » Effectivement Lydie avait absorbé une
substance qui lui avait provoqué une brutale chute de tension. Elle avait ainsi
feint à la perfection l’étourdissement qu’une telle émotion aurait due
l’accabler. Pendant ce temps, Ernest, à quatre
pattes, observait le cadavre avec minutie. Quelques détails flagrants l’informèrent
bientôt que quelque chose d’anormal s’était déroulée. Léon vint les rejoindre. il demanda si son aide pouvait leur être
d’une quelconque utilité. Puppa se retourna vers lui et demanda. « Vous n’auriez pas une bougie ?
« Léon fut étonné de sa question mais exécuta
sa requête sans oser s’informer de son but exact. Le docteur regarda son ami avec
interrogation, aspirant quelques explications de sa bouche. Mais, comme à son
habitude, Puppa ne dévoila rien et c’est affublé d’une grosse bougie de Noël
allumée qu’il entra de nouveau dans la cave devant Sylvain et Léon particulièrement
intrigués. Soigneusement, il prit la feuille de
journal qui se trouvait sous la main droite du mort, puis passa lentement la
bougie fumante en prenant garde de ne pas y mettre le feu. « mais. Que faites-vous ? Vous
voulez nous faire brûler ? » Demanda Léon. Puppa le regarda en souriant. « Vous vous appelez, Léon ? » -Oui ! Agréa t’il. - Et les deux dames qui se trouvent
en haut. Lydie et Chloé ! - Oui ! » Réitéra
t’il. Alors, Ernest Puppa sortit de sa poche son
insigne de police et déclama. « Vous êtes en état
d’arrestation… »
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